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lundi 12 mai 2025

100 civils tués : l’armée burkinabè accusée de massacre ethnique

L’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a lancé un signal d’alarme ce lundi en accusant les forces armées burkinabè et des milices supplétives d’être responsables de la mort d’environ 100 civils en mars dernier, dans le cadre d’opérations qui ciblaient un groupe ethnique spécifique. L’ONG évoque une possible campagne de nettoyage ethnique, alors que les autorités burkinabè gardent jusqu’à présent le silence.

Selon le rapport publié par HRW, les exécutions sommaires auraient eu lieu dans plusieurs localités des régions du Nord et du Centre-Nord du Burkina Faso, dans un contexte de lutte contre les groupes armés djihadistes. Toutefois, les témoignages recueillis par l’organisation indiquent que les victimes étaient des civils non armés, principalement issus de l’ethnie peule, souvent stigmatisée à tort pour sa supposée proximité avec les insurgés islamistes.

« Ces massacres semblent être délibérément dirigés contre une communauté en particulier. Les actions des forces de sécurité et des milices pourraient constituer des crimes contre l’humanité s’il est prouvé qu’elles visaient à éliminer un groupe ethnique », a déclaré Ida Sawyer, directrice de HRW pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.

Des villages entiers décimés

Le rapport fait état de raids violents dans au moins cinq villages, où des habitants ont été rassemblés, accusés de collaborer avec les terroristes, puis exécutés. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes. Des survivants rapportent que les assaillants, en tenue militaire ou paramilitaire, ont laissé les corps sans sépulture, semant la terreur parmi les communautés locales.

L’organisation appelle à une enquête internationale indépendante et exhorte le gouvernement burkinabè à suspendre les responsables présumés, protéger les témoins et garantir l’accès humanitaire aux zones affectées.

Un silence gouvernemental préoccupant

Jusqu’à présent, le gouvernement de transition dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré n’a fait aucune déclaration officielle sur ces accusations. Ce silence soulève de vives inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains et les diplomaties étrangères, alors que le Burkina Faso continue de faire face à une crise sécuritaire majeure.

De son côté, la société civile burkinabè appelle à la fin de l’impunité et met en garde contre l’utilisation de la lutte antiterroriste comme prétexte à des représailles ethniques.

Risque de polarisation

Ce rapport intervient dans un contexte régional tendu, où les forces de défense locales, souvent mal encadrées, sont accusées à plusieurs reprises d’exactions contre des civils. Le risque de fracture intercommunautaire est grand, ce qui pourrait alimenter encore davantage l’instabilité et le recrutement par les groupes djihadistes.

Human Rights Watch conclut son rapport en appelant la communauté internationale à renforcer la surveillance des droits humains dans la région et à conditionner l’aide sécuritaire au respect strict du droit international humanitaire.

Xolomo Tokpa

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