Le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans JNIM), affilié à al-Qaïda, est aujourd’hui l’une des forces jihadistes les plus puissantes du Sahel. Fort de 5 000 à 6 000 combattants armés, le groupe a intensifié ses opérations dans le centre et le nord du Mali, l’est du Burkina Faso et le nord du Niger. Désormais, ses incursions s’étendent jusqu’au Bénin, au Togo, et au Ghana.
⚠️ Une avancée stratégique et territoriale inquiétante
Alors que les forces françaises, américaines et onusiennes ont quitté la région, le vide sécuritaire s’est élargi. JNIM s’est rapidement adapté et exploite les vulnérabilités locales, s’imposant comme un pouvoir de fait dans plusieurs zones rurales.
Dans ces régions, le groupe :
- Applique une forme rigide de charia ;
- Prélève des taxes sur les marchés, l’orpaillage et l’élevage ;
- Contrôle les voies de passage transfrontalières ;
- S’implante près de la frontière atlantique — une évolution jugée « stratégique » par les experts antiterroristes.
📍 Une route vers l’Atlantique ?
Selon des analystes sécuritaires, l’objectif implicite du groupe serait de créer un couloir de déstabilisation allant du nord du Mali jusqu’aux côtes du Golfe de Guinée. Une telle expansion leur offrirait :
- De nouveaux sanctuaires en forêt tropicale ;
- Un accès maritime indirect pour les trafics illicites ;
- Une reconnaissance accrue dans la galaxie jihadiste mondiale.
🤝 Réactions et ripostes régionales
Les États du Golfe de Guinée — notamment le Bénin et le Togo — ont renforcé leur coopération militaire. Mais les experts soulignent : « Face à une menace transnationale, une réponse strictement nationale est insuffisante. L’approche doit être collective, coordonnée et axée sur les communautés locales. »
📉 Et pendant ce temps…
- Le Burkina Faso, plongé dans une guerre asymétrique, voit certaines localités totalement sous contrôle jihadiste ;
- Le Mali, après avoir rompu avec la MINUSMA et la France, peine à contenir l’avancée du JNIM malgré le soutien du groupe Wagner (ou Africa Corps) ;
- Le Niger, malgré l’arrivée de troupes russes, reste vulnérable dans sa zone frontalière sud-est.
🧭 Conclusion : un tournant historique pour la sécurité ouest-africaine
La poussée du JNIM rebat les cartes de la sécurité en Afrique de l’Ouest. Loin d’être en déclin, le terrorisme au Sahel se restructure, s’étend, et se rapproche des centres économiques côtiers.
C’est désormais la stabilité de tout le littoral ouest-africain qui est en jeu.
Xolomo Tokpa