En 2023, selon les dernières estimations des Nations Unies, environ 75 000 femmes sont mortes en donnant naissance au Nigeria, soit un décès toutes les sept minutes. Le pays a ainsi enregistré 29 % des décès maternels dans le monde, devenant le pays le plus dangereux pour accoucher. Le taux de mortalité maternelle y avoisine les 993 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit l’un des plus élevés au monde
En 2024, les données disponibles confirment la gravité persistante de la situation au Nigeria. Environ 8 200 décès maternels enregistrés en 2024, représentant 28,3 % du total mondial des décès maternels. Taux de mortalité maternelle de 1 047 décès pour 100 000 naissances vivantes – un niveau constant par rapport à 2023, en dépit d’une légère amélioration dans certaines données historiques. Seulement 43 % des naissances sont assistées par un personnel de santé qualifié, 39 % ont lieu en établissement de santé, et 59 % à domicile .
Ces chiffres sont éloquents : malgré de petites avancées, près d’un tiers des décès maternels globaux sont concentrés au Nigeria.
Malgré que la plupart de ces décès étant évitable (hémorragies, prééclampsie, accouchements difficiles, avortements non sécurisés), plusieurs facteurs aggravent la situation au Nigeria :
- 💸 Infrastructures sanitaires défaillantes : rares hôpitaux, pénurie de personnel soignant qualifié, équipements obsolètes et manque de médicaments
- 🚗 Barrières géographiques et culturelles : dans les zones rurales, le transport vers une clinique est compliqué ; la population préfère parfois les médecines traditionnelles, perçues comme plus accessibles .
- 💰 Coût prohibitif des soins : malgré un engagement politique pour consacrer 15 % du budget national à la santé (accord de l’Union africaine de 2001), le gouvernement n’y consacre actuellement que 5 %, limitant l’accès aux soins
- 🔄 Instabilité sociale et insécurité : plusieurs régions sont affectées par des conflits armés, ce qui entrave l’accès aux structures médicales sécurisées.
Le Nigeria est actuellement le pire endroit au monde pour accoucher, avec un taux meurtrier de 75 000 décès maternels par an, soit un toutes les sept minutes. Ce drame humain appelle à une mobilisation urgente : investissements massifs, renforcement des structures sanitaires, éducation communautaire et priorisation de la santé maternelle.
Chaque femme mérite le droit à un accouchement sécurisé, un droit encore inégalement appliqué. Pour briser le cycle, des réformes systémiques profondes et une coopération internationale soutenue sont indispensables.
Xolomo Tokpa